Mécanisme
Les accidents de décompression sont des accidents biophysiques dûs au retour à l'état gazeux de l'azote dissout dans le sang. Ce retour à l'état gazeux est expliqué par les lois de Mariotte et d'Henry.
L'air que nous respirons est constitué de - approximativement - 80% d'azote (N2) et 20% d'oxygène (O2). L'oxygène est consommé par nos cellules, alors que l'azote est disous dans nos tissus sans être consommé. Plus on descend (donc plus la pression ambiante augmente), plus les tissus emmagasinnent l'azote. De la même manière, plus la plongée est longue, plus les tissus se saturent en azote.
A la remontée, la pression ambiante diminuant, l'azote reprend progressivement sa forme gazeuse. Il passe alors dans la circulation sanguine sous forme de microbulles circulantes, qui arrivent aux poumons, aux alvéoles pulmonaires, et sont ainsi évacuées par l'expiration. Il n'y a alors aucun problème pour le plongeur.
Si la remontée est trop rapide, le dégazage est trop important et l'azote forme de grosses bulles dans les tissus avant d'avoir pu être évacué par l'expiration. Ces bulles bloquent la circulation sanguine et les tissus qui se trouvent en aval de la bulle ne sont plus irrigués. La taille des bulles augmente encore sous l'influence de la loi de Mariotte. Ces bulles peuvent se coincer dans n'importe lequel des vaisseaux sanguins, et les symptômes dépendent de la localisation de la bulle. De plus, il se forme autour de cette bulle qui est considérée par l'organisme comme indésirable un agrégat plaquettaire ; il s'agit des plaquettes sanguines s'agglutinant autour de la bulle rendant bientôt impossible le passage du sang. |
On prend souvent l'exemple de la bouteille de champagne : quand on l'achète, la bouteille contient du gaz dissout dans le liquide. La bouteille est fermée, il règne à l'intérieur une forte pression (comme en profondeur). Lorsque l'on retire le bouchon, la pression à l'intérieur de la bouteille diminue et de petites bulles se forment, comme chez le plongeur qui remonte. Si l'on avait secoué la bouteille, l'ouverture aurait provoqué un dégazage trop important ; le gaz se dilatant trop brusquement aurait fait jaillir le liquide hors de la bouteille. Chez le plongeur, ce dégazage anarchique se solde par un Accident De Décompression.
Prévention
Symptômes
Ils apparaissent en général progressivement après la sortie de l'eau et peuvent survenir plusieurs heures après la plongée.
Voici quelques signes précédant l'accident proprement dit : grande lassitude, angoisse, fourmillements...
Les symptômes et la gravité de l'ADD dépendent de la localisation de la bulle...
Symptômes cutanés | Symptômes ostéo-articulaires | |
On les appelle "puces" ou "moutons" : démangeaisons, boursouflures. | On les appelle "bends" : douleurs dans les articulations. Le plus souvent localises dans les épaules les genoux ou les hanches, ils peuvent durer plusieurs mois et laisser des sequelles. | |
Symptômes cardiaques | Symptômes neurologiques | |
La bulle est alors coincée dans un vaisseau coronaire qui irrigue le coeur : arythmie, pouvant évoluer vers l'infarctus du myocarde (muscle cardiaque) et la mort. | Ils sont dûs à la localisation de la bulle au
niveau de la moëlle épinière ou du cerveau :
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Symptômes pulmonaires |
Détresse respiratoire se traduisant rapidement par une cyanose (coloration bleue) des lèvres et sous les ongles. Cette cyanose est provoquée par un appauvrissement du sang en oxygène. |
Conduite à tenir en cas d'accident de décompression.
Protéger
- Sortir le plongeur de l'eau
- Allonger en position inclinée, tête en bas.
- Réchauffer.
- Rassurer.
- Surveiller les autres plongeurs de la palanquée.
Alerter
Utiliser la V.H.F sur le canal 16 ou un téléphone. Il faut rappeler qu'un moyen de communication est obligatoire sur une embarcation de plongeurs. Ceci implique qu'il faut connaître les numéros d'urgence accessibles depuis le lieu de plongée.
Secourir
- Si la personne est consciente, lui donner 500 mg d'aspirine. Cet aspirine va fluidifier le sang et éliminer les agrégats plaquettaires. En cas d'allergie à l'aspirine, ne rien administrer ; l'usage de paracétamol est un non-sens car ce produit n'a pas de propriétés anti-coagulantes.
- Faire boire si possible 1 litre / heure d'eau douce à la victime, toujours dans le but de fluidifier le sang.
- Administrer 15 litres / minutes d'oxygène normobare.
- Diriger la victime le plus vite possible vers un caisson de décompression multiplace.